samedi 12 décembre 2009

dimanche 6 décembre 2009

FORME ET PENSÉE DE LA CONTEMPORANÉITÉ

#Biographie #

Quelle forme aujourd’hui, à elle seule, pourrait définir la contemporanéité ? Depuis les aventures anciennes de la peinture, et modernes - cette couleur osée par les fauves - et l’avant - garde historique, et depuis Picasso, qu’inventent les peintres ? Depuis l’avant - garde historique, quelle pensée révolutionnaire, sinon la résistance de l’homme aux effets humains et de la pensée dans les crises économiques, pourrait apporter aux créateurs l’enthousiasme pour révolutionner les regards ? Et ces regards qui, malgré ces révolutions, n’ont pas encore eu la possibilité d’accepter ces formes. La théorie nous devance. La crise l’oublie. Nos regards refusent le difficile d’imaginer notre imaginaire et notre grandeur d’homme possible, de nous transformer : cela nous est trop insupportable.
Donc il y a la résistance de la pensée, la pensée qui résiste aux modes, aux marchés, à la facilité de devenir vedette, à la poudre aux yeux, à la mise au pli, au rappel à l’ordre. C’est en général la raison et la définition de la modernité. Il ne suffit pas de saisir le matériau moderne, l’électronique, la caméra, la vidéo, la photographie, pour être moderne. Dans cette saisie, il faut de la pensée. Celle - ci à l’affût de la vie humaine et sa possibilité d’immensité, forcément avec les données des siècles avançant et inéluctablement progressant dans ces idées, permet alors l’imagination dans les formes de l’œuvre. Incontournablement, elle fait poser questions.

N’est-ce pas le lieu de la vie et de la création ? Faire sens pas par le discours bien entendu, mais par une fiction. Le travail silencieux de Gérald Martinand - celui de l’œuvre incluant celui du regard, de la lecture, de l’écoute, de la discussion intime et non de la tribune ou mondaine - inclut la réflexion de notre monde comme il devrait appartenir à chacun de nous. L’utilisation d’un matériau moderne n’est pas une fin en soi. D’ailleurs la fin de notre siècle permettrait avec ses techniques une "finition" à ces matériaux, un laqué et un brillant séduisant. Gérald Martinand, lui, les laisse s’oxyder, prendre alors un aspect pauvre, déchet, déchiqueté et blessant.

Résistance, lutte et combat individuel, solitaire, mais qui se reconnaît quand les masques sont jetés-les bruyants-, la pensée laisse blessé dans ce qu’elle a d’utopique, bien que scientifique: lorsqu’on sait que nous ne savons pas tout ce que nous savons. L’essor de la sculpture, son tranchant, sont pour pénétrer corps et inconscient et faire tomber ces "pans de connaissance" en nous depuis notre naissance, depuis des millénaires et qui, enfouis ou découverts, font ce que nous sommes et deviendrons.

Alors il semble qu’il se "dessine" aujourd’hui, et dans l’œuvre de Gérald Martinand, ce noyau dur, recentré, où le futur - cette contemporanéité - fait jour, lieu des poètes et des artistes. L’utopie serait aussi que l’Art nous traverserait chacun quotidiennement, et non dans les galeries et les musées seulement. Nous aurions chacun pour amis avec qui discuter et jouer des " Martinand travaillant à leurs oeuvres, sans cesse bouleversés, questionnés". Ce serait fatigant mais comme dit Paul Eluard : "Nous n’avons qu’une vie, il faut donc qu’elle soit parfaite". Essentiellement, Gérald Martinand, dans cela, n’inventant pas mais découvrant, comme cela est, va permettre le désir et nous ouvrir au plaisir. La désespérance, c’est que cela même soit si difficile à mettre en tête malgré cette évidence, cette vérité. Mais quel bonheur, quels moments de " pur bonheur " permettent de tels hommes ! La pensée, donc, et non la recherche de la forme pour la forme. L’écriture de Gérald Martinand, ses graffitis de couleur, n’est - elle pas actuelle ? Cette écriture dans la rue, seul support du dire de tant d’hommes qui n’ont pas la voix des médias divers.

Ce besoin de la sensualité, de la couleur, de la chaleur, sur les détritus et les déchets industriels et du progrès plein de ses contradictions : il n’y a pas de repos pour l’homme qui se met à penser, mais les moments de bonheur ont encore plus de force, ces moments d’espoir qui s’élèvent dans la cité. Les crises durant, la pensée se resserre et bientôt fait éclater les carcans et les aliénations. L’œuvre alors a sa dualité entre des pièces minimales où le trop, les franges et les réserves n’existent plus, et la parole intime ou criée à moments de douceur et tendresse et à ceux où l’on désire qu’elle dépasse la bouche.

Jean DE BREYNE.
Février 1985

Né en 1943.
Vit dans le sud-est de la France.
Poète, critique d’art, photographe.
Fondateur, président et co-dirigeant de la Galerie 1’Ollave à Lyon, en France, en 1974.
Directeur de la publication et membre du Comité de rédaction de la revue d’art Galerie l’Ollave, Préoccupations.
Commissaire indépendant d’expositions.
Un Fonds de la Bibliothèque Municipale de Lyon comporte toutes les archives Jean de Breyne concernant ses activités créatrices de 1974 à 1997.

dimanche 29 novembre 2009

samedi 28 novembre 2009