vendredi 8 janvier 2010

Expositions

- EXPOSITIONS PERSONNELLES (entre autres) :
Galeries : Lyon, Evian.
Lycées : Picasso Givors - Jean Moulin Albertville.
Facultés : Association générale des étudiants de Lyon.
Institut National des Sciences Appliquées - Lyon La Doua.
Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale - Lyon.
Centres culturels et mairies : Villeurbanne, Hôtel de Ville 1977 et 1981.
Maisons de la culture : MJC Annemasse.
Berliet RVI et différentes entreprises.
Espace Arts Plastiques - Vénissieux.

- EXPOSITIONS DE GROUPE (entre autres) :
Lyon-Paris-Canada-Suisse-Allemagne-Japon-Suède
Maison des Artistes - Paris
Université Jussieu - Paris
MAL Thonon

- PARTICIPATIONS :
Paris : Salon de mai - Salon Grands et Jeunes d'aujourd'hui - Salon de Montrouge -

Salon Comparaisons - Salon des Arts de la rue -

Syndicat National des Sculpteurs (SUR...VOL).
Prix de la Critique en 1981 - Exposition - Espace Lyonnais d'Art Contemporain.
Film documentaire poétique "L'Ecorce des pierres" de Roland Stevenot sur l'œuvre de Martinand diffusé par FR3.



A pendant 27 ans assuré sur la région lyonnaise la création et l'animation de plusieurs ateliers municipaux de sculpture.

dimanche 3 janvier 2010

Un artiste polymorphe au désert des Tartares


Soient deux points : une tête de frêne travaillée de multiples protubérances, décousues, recousues d’un bariolage clabaudeur ; des mégalithes de corten où les seuls viscères apparents, par une excroissance sur le premier et une échancrure du cinquième, ne sont que contrepoint à la nudité lisse du métal qui se dresse. La droite qui les réunit décrit la tension caractéristique de l’œuvre de Gérald Martinand. Elle en indique l’angle et la singularité.
En parallèle se dessine la ligne de base de l’émotion que je retrouve intacte devant ces géants et ces nains que nous avons tant admirés, et qui m’accueillent devant l’allée et le jardin. Les ronces s’y enchevêtrent, le chèvrefeuille s’y appuie, mais la rouille dont ils se sont fait une compagne n’en aura pas davantage raison que la dérision et le sombre mais vert humour qui s’accrochaient à leur présence naissante, amère, forte et définitive comme une prose de Baudelaire…
Les têtes de frêne, bien que choisies pour leur force intrinsèque, ne sont jamais laissées en l’état mais totalement retravaillées… il les badigeonne de couleurs crues, les macule de graffiti...
Une forme organique, une prolifération animale avait déjà, par la sculpture, fait basculer le bloc de frêne. Le dessin qui s’y rajoute, contrariant ses masses et sa nature déjà double, en fait une parcelle de cette maladie qu’est le monde conscient. Ainsi progresse une composition autant morale que plastique. L’inaltérable Le sculpteur, prenant à rebrousse-poil le plaisir, et refusant de laisser parler le matériau à sa place - car il doit suivre ce que lui dicte son dégoût -, réintroduit la gangréne de l’humain, celle de l’art, à tout prix, fût-ce celui d’une certaine beauté. Puisque ce sacrifice –là est le moderne malheur.

Polymorphe : il pratique l’inox, le corten, - l’inaltérable - son regard se remplit de plaisir au spectacle de la rouille. Il admire une tôle de récupération qui se défend de la décrépitude comme un quasi alliage.

Il aime le bois, le bronze, et se réjouit d’en briser l’aura par son coloriage. Expert en patines, il enseigne à ses élèves de ne pas polir, de laisser brut. S’il admire un visage d’Afrique taillé en quatre plans, il introduit parmi ses cercles et orbes de fer colorié des faces lunaires moulées, enluminées.
Martinand, sculpteur a récemment exposé des dessins. Outre leur énergie chatoyante, on est porté à y voir, comme pour certaines sculptures métalliques de taille réduite, la projection de monuments vivants, assemblages de corps tels ceux de Rodin, d’une Hourloupe complexe et acérée.
Ils me semblent un creuset où la rigueur constructive qui portait l’expressionnisme des premières compositions de métal entre en résonance avec la surcharge qui met en question les œuvres récentes, tout en expérimentant une place donnée de nouveau à la figure.
On peut y reconnaître le fruit de la fréquentation constante, autant qu’admirative de ce baroque que l’Italie laissa à la Maurienne et que sa richesse même, paradoxalement, a pu faire négliger.
Cette fin de siècle, cet or et ces couleurs dans les montagnes, confrontés à ce fort perdu où l’on peut voir encore les veilleurs inutiles du Désert des Tartares : voilà le lieu mental où se transmue, une oeuvre de haute altitude, une ligne ouverte.
Jean PLANCHE
Artension numéro 19.
Jean Planche, collaborateur régulier des revues Artension et l’Oeuf sauvage.
Textes édités notamment par Autrement ("La pureté "), l’université de Saint-Etienne
(" Logique des traverses ").